
Présent il y a quelques semaines à Roubaix pour la soirée de rentrée littéraire de la Fnac, Michel Bussi est incontestablement l’un des plus grands vendeurs de livres en France. Spécialiste des thrillers, l’auteur de « Mourir sur Seine, « Un avion sans elle » ou « Nymphéas noir » était, cette fois, venu présenter un roman « Les ombres du monde », qui mêle fiction et histoire en évoquant le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
« Cette histoire me hante depuis près de trente ans, il fallait que je l’écrive. En tant que professeur en géographie politique, je m’étais beaucoup intéressé au sujet mais je ne pouvais pas l’écrire juste après le génocide,explique-t-il. Il fallait un temps pour la mémoire, pour les rescapés, pour les historiens, pour la justice même si ce n’est pas fini et je pense qu’est arrivé le temps de la fiction. »
Dans « Les ombres du monde », Michel Bussi place les événements dès octobre 1990 et l’arrivée des Français au Rwanda et va jusqu’en 2024 : « C’est un récit évidemment historique car il parle de faits réels mais derrière cette grande histoire, il y a aussi un thriller, un roman d’espionnage avec cette rencontre entre Espérance, une jeune démocrate rwandaise et Jorik, un capitaine français en mission. Le pari était de trouver l’équilibre entre l’histoire et la fiction. Il fallait qu’il ait des twists, des rebondissements pour que ça fasse roman d’aventure. »
Afin d’être bien certain de la véracité de tout ce qu’il allait écrire, Michel Bussi n’a rien laissé au hasard. « J’ai visité le Rwanda avec Patrick de Saint-Exupéry, un grand reporter spécialiste de pays, j’ai aussi travaillé avec Hélène Dumas, une chercheuse du CNRS la plus compétente sur le sujet et dans le roman je défends une thèse: celle de la responsabilité de la France sur ce qu’il s’est passé là-bas et sur l’attentat qui a provoqué le génocide, annonce-t-il. Il y a eu du stress car je demande si mes lecteurs vont suivre sur ce thème particulièrement horrible. »
L’écrivain y a vu une sorte de devoir : « La mémoire, elle passe à un moment donné par les œuvres, l’art, les film, la peinture, la littérature, insiste-t-il. Ma génération s’est appropriée la Shoah, le génocide des Juifs pendant la guerre, grâce aux œuvres, tout autant que grâce aux témoignages de rescapés ».
« Les ombres du monde », Michel Bussi. Editions Presses de la Cité. Prix : 23,90 €.