Peut-on encore rire de tout ? La question revient régulièrement dans une société qui a fait de l’indignation frénétique son nouveau mode de fonctionnement mais, bonne nouvelle, Yacine Kaci balaye le politiquement correct et a décidé d’aller au combat avec son humour comme rempart à la connerie humaine. Personne n’est épargné dans ce spectacle qui passe en revue les différents travers de notre société, de l’homophobie au racisme, et qui n’hésite pas à évoquer des sujets sensibles comme le handicap ou la religion. Le tout avec beaucoup d’auto-dérision, un humour corrosif, grinçant, servi par un vrai sens du rythme et de la répartie, des vannes qui tombent juste et même… quelques moments d’émotions.
Avec déjà une dizaine d’années d’expérience dans le paysage humoristique régional puis national, Yacine Kaci a peu à peu imposé sa patte. Longtemps pensionnaire de La boîte à rire à Lille, où il a rôdé ses sketchs, il a passé ces derniers temps un nouveau cap en séduisant le public parisien au théâtre du Marais.
C’est, néanmoins, chez lui, à Lille, que vous aurez le plus souvent l’occasion de venir le découvrir, au sein de l’Espace comédie, rue Solférino, où il joue régulièrement son seul en scène, le samedi à 17 h 30, mais également deux pièces qu’il a écrites et dans lesquelles il se produit, en alternance avec d’autres comédiens, notamment Marie Déboul.
« Je faisais uniquement du stand up au départ mais à partir de 2020, j’ai eu l’idée d’écrire des pièces afin de pouvoir traiter certains sujets de manière plus approfondie, que ce ne soit pas juste quelques blagues, précise-t-il. Lorsque l’on incarne un personnage, on peut se permettre de dire plus de choses. »
La première, rebaptisée récemment Les féministes sont des chieuses, les machos des connards ?, décrit le quotidien de Simone, féministe issue d’une famille un peu bobo, et Silvio, membre d’une famille italienne conservatrice. Un couple explosif qui passe son temps à s’envoyer des piques en dénonçant les travers de l’autre.
La seconde, intitulée Chéri, je t’ai trompé (et c’est pas ça le pire), évoque les mésaventures d’un haut-fonctionnaire raciste que sa femme va tromper avec un maghrébin sans papier.
Deux pièces dans lesquelles le public participe énormément. « Mon truc, c’est l’interaction, précise-t-il. Je reste assez stand up dans l’écriture et on casse énormément le quatrième mur pour faire réagir les spectateurs. C’est là que le spectacle vivant prend tout son sens. »
Yacine Kaci jongle aisément entre les trois spectacles et poursuit ainsi sûrement son ascension. « On se demande toujours si on a réussi à percer mais tout est relatif. Qu’est-ce que ça veut dire percer ?, interroge-t-il. Est-ce que c’est en vivre ? Est-ce que c’est dépasser un certain plafond de verre, être programmé dans les plus gros théâtres ? Remplir des salles d’au-moins 500 places ? »
Chacun place le curseur là où il le souhaite. Seules certitudes : l’une de ses pièces a été retenue cet été pour le festival off d’Avignon, le retour du public est positif er le bouche à oreille fonctionne… Yacine Kaci a donc des arguments pour poursuivre encore longtemps sa lutte contre la connerie humaine.
Yacine Kaci est en spectacle dans son seul en scène, « La connerie humaine », tous les samedi de juin à 17 h 30 à l’Espace Comédie à Lille.