La disparition d’une jeune héritière sur fond de guerre des casinos, près de quatre décennies d’enquête, plusieurs procès et une condamnation pour meurtre malgré l’absence de cadavre : l’affaire Agnès Le Roux est sans aucun doute l’un des faits divers les plus troublants de ces cinquante dernières années.
Librement inspirée de cette affaire, la mini-série en quatre épisodes réalisée par Vincent Garenq, diffusée à partir de ce lundi 8 janvier (21 h 10) sur France 2, est une vraie réussite grâce, bien sûr, à l’intérêt de l’intrigue mais aussi au jeu des comédiens, tous aussi excellents les uns que les autres.
On pense bien sûr à Michèle Laroque, impériale dans ce rôle d’abord de patronne à poigne du casino Le Palais de la Méditerrannée puis en mère dévastée qui ne va jamais cesser le combat pour retrouver sa fille. Marie Zabukovec, qui incarne justement l’impulsive et instinctive Agnès Le Roux amène aussi toute sa frâicheur. Et que dire de Yannick Choirat, détestable mais charismatique Maurice Agnelet.
« Il y a une responsabilité par rapport au fait que ce soit tiré d’un fait réel, je me devais d’être juste dans l’interprétation, confie le comédien. J’avais entendu parler de l’histoire de la disparition de cette jeune héritière d’un casino de Nice mais je ne ne me souvenais pas de tous les détails. J’ai lu quatre livres sur Maurice Agnelet et j’ai visionné des interviews réalisées par le fils d’Agnelet, à l’époque où il n’avait pas retourné sa veste. J’ai eu 8 heures de rush où il explique son point de vue sur l’affaire, pas sur le meurtre dont il continue de se dédouaner. »
Un personage particulièrement difficile à cerner : « Un caractère particulier, atypique, égocentrique, volubile qui a soif d’exister, un opportuniste. C’était intéressant de traiter la blessure narcissique de l’homme quand Renée Le Roux le congédie, ce moment où il bascule de manipulateur, d’escroc en potentiel assassin. »
Marie Zabukovec avait, elle aussi à cœur d’être la plus proche de la réalité mais elle ne disposait hélas que peu d’éléments sur la personnalité d’Agnès Le Roux. « Je voulais être à la hauteur, ne pas décevoir la famille, j’ai rencontré pas mal de gens, le procureur, des proches mais pas le frère et la sœur d’Agnès. Ça fait un peu mystique mais j’ai demandé avec le coeur à Agnès si je pouvais jouer son rôle. Je me suis inspirée de ce que les autres en disaient, Maurice Agnelet, sa maman mais c’était difficile car il décrivait des personnalités assez différentes. »
La comédienne a donc construit son personnage, celui d’une jeune femme qui a eu le courage de s’affranchir d’une éducation stricte, de suivre son instinct, d’écouter ses envies mais qui ne réfléchissait pas trop aux conséquences. Elle a été victime d’un pervers narcissique, comme ça arrive à beaucoup de femmes, je ne pense pas que ce soit de la naïveté. »
Au final, Marie Zabukovec apprécie que cette min-série permette de ne pas faire tomber les gens dans l’oubli. « On continue de parler d’elle des décennies plus tard ».
Une mention particulière pour le travail sur les accessoires, les costumes, les coiffures, le maquillage. On voyage dans le temps avec une vérité bluffante. « On a opéré de vraies métamorphoses physiques, avoue Yannick Choirat. Le matin on arrivait à 5 h, pour cinq heures de maquillage, on nous collait des prothèses et on commençait rarement à tourner avant 11 h. »
Tout pour Agnès, dès ce lundi 8 janvier, avec Michèle Laroque, Xavier Choirat et Marie Zabukovec.