Nommé danseur Etoile du Ballet de l’Opéra de Paris en avril 2022, François Alu a tout plaqué quelques mois plus tard pour se lancer dans une carrière artistique différente. Après un passage remarqué comme membre du jury de l’émission de TF1 « Danse avec les stars », il a surpris tout le monde en se lançant seul sur scène dans un spectacle, « Complètement jetés », mêlant danse, théâtre et humour.
Un mixte entre la danse et le stand up, « une sorte de danse up » comme il le dit lui-même. « Un spectacle très dense avec un E ou très danse avec un A, comme on veut, poursuit-il. Il y a plein de personnages différents, 12 solos de danse, du classique, du contemporain, du hip hop. Plusieurs fils rouges s’entremêlent, le principal étant comment briser le qu’en dira-t-on, comment arrêter d’être prisonnier du regard de l’autre. Ce serait tellement génial de se débarrasser de ce carcan. Il faut accepter notre singularité, ce qui est bizarre est rare, ce qui est rare est précieux. Au lieu de se dénigrer, on devrait plutôt en rire. »
Avec son co-auteur Samuel Murez, François Alu a voulu dépeindre la société actuelle via son prisme : « Je me suis focalisé sur les personnages, sur ce qu’ils racontent, explique-t-il. J’ai voulu essayer au risque de me prendre un bide, j’étais prêt à vivre cette expérience même si je ne me suis pas lancé comme ça dans le vide, on avait montré le spectacle à quelques personnes avant. »
Envie de théâtre et de cinéma
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pimpant trentenaire n’a pas le moindre regret : « Pendant douze ans je n’ai fait que de la danse mais dans un ballet c’est assez cloisonné, alors que dans un spectacle on peut échanger avec le public, rebondir, partir sur une improvisation, apprécie-t-il. J’étais fan de Patrick Dupond que je trouvais libre, qui a beaucoup voyagé mais ce n’est plus la même époque. On est corps de ballet, soliste, premier danseur, il y a des évolutions possibles mais c’est quand même beaucoup de contraintes, de restrictions. J’ai signé pour être interprète, reproduire ce qui a déjà été fait à la lettre c’est juste de l’exécution, même avec des petites nuances, ce n’est pas intéressant. »
Si on lui proposait de revenir au classique, même pour un « Don Quichotte », François Alu déclinerait gentiment la proposition. « Je ne ferme pas de porte mais j’ai plutôt envie aujourd’hui de faire du théâtre, du cinéma, créer mes œuvres en me servant de la danse qui est un bagage dont je ne veux pas me débarrasser, assure-t-il. Pendant le confinement le silence s’est instauré et j’ai commencé à écouter mon bruit intérieur. Je ne voulais pas être aigri, frustré, ne pas être dans une chose unilatérale, en côtoyant toujours les mêmes personnes. ça aurait été dommage de passer à côté d’autres opportunités. » Pour lui comme pour son public.
« Complètement jetés » par François Alu, les 17 et 18 juin 2O23 à Lille Grand Palais (Grand théâtre) mais aussi au Colisée de Roubaix le 18 avril 2024.